Voué aux sciences du livre et de l’édition, le Centre d’Etude du Livre Contemporain (CELIC) représente à la fois une unité de recherche dédiée au système de production du livre sous ses différentes formes, un centre de documentation et d’archives, un observatoire permanent du marché du livre contemporain (notamment en Belgique francophone) et un pôle d’expertise au profit des politiques du livre en Wallonie et à Bruxelles.
En tant que centre de documentation et d’archives, le CELIC met à la disposition des étudiants et des chercheurs, au sein du séminaire Marshall McLuhan (ULg, Place du XX-Août, 2e étage), un ensemble substantiel d’ouvrages de fond et de documents touchant à l’édition et à l’histoire du livre, principalement en Belgique francophone, ainsi que deux fonds éditoriaux du plus haut intérêt : le Fonds Hubert Nyssen, rassemblant les archives personnelles de l’écrivain et fondateur des éditions Actes Sud (et comportant l’ensemble, mensuellement mis à jour, des publications de cette grande maison d’édition littéraire française) et le Fonds Éperonniers, rassemblant les archives éditoriales de Lysiane d’Haeyere, directrice des éditions Les Éperonniers, l’une des plus importantes maisons de création littéraire en Belgique. D’autres cessions d’archives d’éditeurs sont à l’étude qui contribueront à faire du CELIC un lieu de mémoire de l’édition contemporaine.
En tant qu’unité de recherche, le CELIC fédère, au sein d’une structure cohérente et efficace, un ensemble d’équipes et de chercheurs appartenant à différents départements de la Faculté de Philosophie et Lettres dont les travaux abordent la production du livre sous divers points de vue complémentaires : historiens du livre et des bibliothèques, sociologues de la littérature intéressés à l’édition et au système des revues littéraires ou des journaux périodiques, spécialistes de l’édition pour la jeunesse et de la bande dessinée, etc. Cette structure ne vise pas seulement à élargir le spectre historique des recherches ni à étendre le champ de leurs objets à de nouvelles catégories de livres. Elle vise aussi à stimuler l’interdisciplinarité de ces recherches en intégrant les méthodes et points de vue de la sociologie de l’édition et de la littérature autant que de l’histoire du livre et de l’histoire culturelle.
L’un des projets collectifs actuellement à l’ordre du jour des recherches structurées par le CELIC est de rendre compte et raison des mutations technologiques dont le livre fait actuellement l’objet et, avec lui, l’ensemble du système éditorial. L’étude du « livre contemporain » ne peut en effet négliger les facteurs, directions et conséquences du tournant numérique que l’industrie de l’édition et les pratiques qui en découlent sont en train de négocier. L’analyse de ce tournant requiert des compétences et des méthodes diverses, à la mesure de sa complexité et de la multiplicité des effets qu’il est en voie d’exercer sur les formes de l’objet-livre et ses modes de diffusion et de commercialisation, mais aussi sur les pratiques d’écriture et de lecture, et plus largement encore sur la culture écrite.
Éclairer ces transformations ne demande pas seulement une prise directe sur l’actualité. Les pratiques les plus contemporaines portent en effet les marques d’une construction historique de longue durée. Et de la même manière que la fonction éditoriale reste tributaire aujourd’hui de la position et de la définition que lui a conférées le système du livre au tournant du XVIIIe et du XIXe siècles, le livre, objet à la fois matériel et immatériel, reste comptable de toute son histoire au moment d’entrer dans l’ère numérique – ne serait-ce, entre autres, que par les résistances opposées par certains de ses acteurs à cette « révolution ».