Centre d'Étude du Livre Contemporain

Historique

Le Centre d’Étude du Livre Contemporain a été fondé en 1980 par Yves Winkin, qui en a assuré la direction jusqu’en 1998 avant d’en céder la responsabilité à Pascal Durand. Sous cette première forme, le CELIC s’était donné trois objectifs principaux : 1° fonctionner comme un centre de recherche portant sur l’édition contemporaine envisagée sous les deux rapports de son actualité et de sa genèse historique ; 2° se positionner en Communauté française de Belgique comme observatoire du marché éditorial et centre d’expertise auprès des responsables des politiques du livre ; 3° se constituer en centre de documentation et d’archive touchant au livre en général et à l’édition belge en particulier. Chacun de ces objectifs a donné lieu à des travaux, à des publications ou à des initiatives spécifiques.

Les recherches des animateurs successifs du CELIC – Yves Winkin et Martine Van Zuylen, Pascal Durand et Tanguy Habrand – ont fait l’objet de nombreuses publications et interventions dans des colloques, dont une liste partielle est donnée en annexe. Ces travaux ont porté par exemple sur la genèse historique de la figure de l’éditeur, l’histoire sociale des pratiques d’édition en Belgique, les processus de légitimation ou de censure, le marché de la bande dessinée ou encore l’avenir du livre. Deux autres perspectives ont été ouvertes  récemment : la première a porté sur les débats politico-juridiques autour de la question du prix du livre en Belgique, en tant qu’analyseur du statut économique et culturel de l’édition et de la librairie en Wallonie et à Bruxelles ; la seconde, actuellement en chantier, porte sur l’édition « indépendante », pensée comme série de maisons non inféodées à de grands groupes, ensemble de structures éditoriales porteuses d’un projet politique militant ou encore foyer d’invention et d’hybridation formelles.

L’originalité scientifique de ces recherches a été d’articuler résolument les deux apports d’une histoire des pratiques culturelles et d’une socioéconomie de l’édition, inspirées, pour l’une, par les travaux d’un Roger Chartier ou d’un Jean-Yves Mollier et, pour l’autre, par la sociologie d’un Pierre Bourdieu ou d’un Jacques Dubois. Dans un domaine dominé par des approches purement techniques ou économétriques, le CELIC entendait, par là, rendre raison du fait que le système éditorial répond à une logique non réductible aux seuls impératifs de l’économie. Les recherches se sont ainsi attachées à saisir le livre comme partie intégrante d’une configuration symbolique complexe dans laquelle interviennent non seulement des organes de production et de diffusion, mais encore des déterminismes culturels à plus ou moins longue portée et des institutions sociales aussi diverses que médias, bibliothèques, appareils scolaires, foires, salons et autres cénacles, où il affirme sa présence et accumule signes de valeur et insignes de consécration. La complexité de cette configuration, comme l’ont montré plusieurs travaux, tient encore aux effets de rétroaction qui s’opèrent sur la chaîne de production et de diffusion, voulant par exemple que la mise en place en librairie ou l’accueil critique des ouvrages et des collections soient susceptibles d’informer en retour choix des auteurs et stratégies des éditeurs.

L’activité d’expertise du CELIC a pris notamment la forme de plusieurs rapports commandités par la Promotion des Lettres du Ministère de la Culture entre 1988 et 1996 : l’un portant sur les structures de l’espace éditorial belge en général, un autre sur la promotion du livre en Communauté française, un autre encore sur le marché de l’édition littéraire et les trajectoires éditoriales des écrivains belges contemporains. Cette activité a repris vigueur avec la mise en chantier, d’une part, de deux rapports commandités par le même service du Ministère de la Culture au sujet de l’application d’une « tabelle » sur le prix des livres vendus en librairie en Belgique francophone (2010) et des perspectives de développement numérique de la chaîne du livre (2012), ainsi que, d’autre part, avec un rôle de conseil joué en 2010 auprès des responsables de la Foire internationale du Livre de Bruxelles en matière d’édition numérique.

En tant que centre de documentation, le CELIC a constitué, d’un côté, un catalogue substantiel d’ouvrages de référence sur l’édition et de documents de presse relatifs à l’économie du livre ; ces ressources sont tenues à la disposition des chercheurs et des étudiants. D’un autre côté et à plus grande échelle, ses collections ont été récemment enrichies par l’obtention de deux fonds éditoriaux du plus haut intérêt : d’une part, en 2005, les archives de l’écrivain et éditeur Hubert Nyssen, fondateur des éditions Actes Sud, comportant de surcroît une collection complète et mensuellement mise à jour de toutes les publications de cette importante maison d’édition littéraire française ; d’autre part, en 2009, les archives de la maison d’édition bruxelloise Les Éperonniers, complétées, là aussi, de l’ensemble des publications produites à cette enseigne.